Portrait d'un producteur : la Ferme maricole du Grand Large

Patsy McBrearty
Publié le 17 mai 2022


C’est dans la Baie-des-Chaleurs, nichée sur le cap, faisant un clin d'œil à la route du quai, que se trouve la Ferme maricole du Grand Large… où du moins sa boutique! D’abord concentrée sur l’élevage de moules, on peut dire que la famille Bujold est "sortie du moule” (oui, oui! Blague de moule!) et continue de faire des p’tits…

Les débuts de la ferme

Le tout commence avec Éric, le paternel, qui lance le bal vers la fin des années 80. Épaulé par sa conjointe, la pétillante Louise, la ferme naît et fait son chemin à travers les années, tout comme les naissances de leurs enfants Benoît, William, Léonie et Simon.

Les entrepreneurs conservent tous deux leur emplois réguliers et jonglent avec ceux-ci, le développement de l’entreprise et la vie de famille pendant bon nombre d’années. Bon de souligner qu’Éric est formateur professionnel en élevage en mer, navigation et entretien d’équipement. Y'a pas à dire : il baigne dedans!

L’élevage de mollusques en mer, ce n’est pas une chose qui se fait en criant crustacé! Il faut du temps, de la patience et aussi un peu de chance. Le tout décolle pour de bon en 2007, et s'ensuit une période fructueuse et bonne pour la ferme. « Tout allait bien jusqu’en 2013. Pis là, les canards arrivent! » dit Éric Bujold en riant.

C’est plus facile d’en rire aujourd’hui, mais à l’époque, les « vilains petits canards » donnent bien du fil à retordre à l’entreprise. De nouvelles techniques sont mises en place rapidement (2013-2014), mais le mal est fait. Des inquiétudes font surface, les choses sont remises en questions, et ce n'est rien de plaisant.

L'arrivée des huîtres

Les bambins sont maintenant grands et c’est William qui arrive avec l’idée de faire l’élevage d’huîtres pour remettre les choses en place. Les méthodes étant différentes de ce qu’ils connaissent, la famille use de prudence et commence avec 25 milles bivalves qu’elle élève en apprenant au fur et à mesure grâce à la générosité de leurs fournisseurs et voisins néo-brunswickois.

Principalement en restauration, mais tout de même, leurs délicieuses huîtres se sont toutes vendues lors de leur première année de récolte. Ils savent qu’ils tiennent quelque chose. « C’est vraiment l’endroit qui fait la différence en termes de goût », explique Éric en faisant référence à l’eau, à sa température et à sa salinité, « ainsi que la technique d’élevage, qui peut aller jusqu’à changer même sa forme! »

Les événements et les médias - Oktoberfest Gaspésien à Percé, le magazine Gaspésie Gourmande et un passage à la télé - les aident à gagner une popularité locale et régionale. Le nom William B. est dès lors donné aux coquillages, un nom maintenant associé à un produit raffiné et de haute qualité.

L’année suivante, « William est fou! », selon son père; il veut cultiver pas moins de 250 milles huîtres. Suite aux judicieux conseils de leurs homologues du sud de se calmer le pompon un peu afin de ne pas générer de gaspillage (lire aussi pertes!), les Bujold y aillent avec 100 milles unités : ce chiffre ne cesse d’augmenter depuis.

Une entreprise familiale

Opérant maintenant deux bateaux, la Ferme maricole du Grand Large navigue sa bosse à travers les grands du monde de l'ostréiculture. Et TOUTE la famille est impliquée! De la mécanique aux réseaux sociaux! Lors de mon passage, la conjointe de William était sur place avec leur fille encore toute jeune et… en attente d’un autre matelot! Quand je disais que la famille faisait des p’tits!

Cet endroit, maintenant recherché tant par les locaux que par les passants, offre des produits d’exception au goût unique et d’une qualité reconnue. En saison, tous mes passages à Carleton-sur-Mer comprennent une dégustation de William B., c’est immanquable!

Dès qu’on voit la porte de garage ouverte, on sait qu’on aura droit à de larges sourires aimables, un service sympathique et personnalisé et, si on est chanceux, quelques anecdotes et histoires de pêche par l’un ou l’autre des membres de la famille… Oh! et de quoi se remplir allègrement la panse!

*Déguster les huîtres William B. telle qu’elles sont, elles sont SI délicieuses! Ou, laissez-vous aller à faire la recette Po'Boy, que je propose dans un autre article.